Procès-verbal après perquisition chez les Ignorantins de Rennes.
Numéro d'inventaire : 1979.30212
Type de document : texte ou document administratif
Description : Feuille double. Papier collant sur les bords de la p.4.
Mesures : hauteur : 287 mm ; largeur : 184 mm
Notes : "En consequence de la sentence cy dessus, nous Augustin Bouvard juge au Siège royal de police à Rennes et Pierre-Marie Tual commissaire de police ayant avec nous pour adjoint le greffier ordinaire sommes cedit jour 27 may 1769 transportés environ les quatre heures et quart, aux ecoles que tiennent les frères ignorantins près le mur de Toussaints et entrés tous de compagnie dans lesdites ecolesnous y avons trouvés les nommés Theodore Suro, natif de Parcé en Franche Comté tenant la grande ecole, frère Salomon Leclerc natif de Boulogne, auxquels nous avons declaré le sujet de notre transport et procedant en execution de ladite sentence, nous leur avons ordonné de nous representer les bâtons, nerfs de boeufs et martinets dont ils se servoient pour corriger ou maltraiter les enfants qui venoient à leurs ecoles, ils nous ont premierement representés un martinet à quatre branches, quatre nerfs de boeuf, une ferule de cuir noir, sommès de nous declarer, s'ils n'avoient point d'autres instruments pour servir à corriger leurs ecoliers, ont declarés n'en avoir point, sommés de signer leurs declarations, ont refusé de le faire.
Ensuite perquisition faite en notre présence, et celle ders dits Suro et Leclerc, par trois gardes de ville pris pour l'execution de nos ordres, premierement à eté trouvé six bâtons de differentes grosseurs, un martinet de cuir à deux branches, deux nerfs de boeuf, une autre ferule de cuir, deux martinets dont un à dix branches, a gros noeuds, un autre à six granches aussi a gros noeuds, un petit peloton de ficelle cirée pour servir aux martinets,ensuite nous avons interpellé lesdits Suro et Leclerc de nous declarer si les dits martinets, nerfs de boeuf, ferules n'etoient point des instruments avec lesquels ils maltraitoient les ecoliers et pourquoy ils ne les avoient representés comme les premiers et declaré n'en avoir point d'autres, nous ont declaré que les martinets, nerfs de boeuf et ferules etoient pour remplacer les premiers lors qu'ils seroient usés, sommés de signer leurs declarations, ont refusé
A l'endroit est intervenu un enfant qui nous a dit s'appeler Jean Beaumenay fils de Joseph Beaumenay âgé de six ans, lequel nous à declaré que mardy dernier 23 de ce mois au matin il fut frapé avec un martinet par le frère Suro sur la fesse gauche qui est encore actuellement meurtrie et equimosée en longueur et largeur de quatre doigts, suivant que ledit enfant nous l'a fait voir enpresence des dits Suro et Leclerc, ensuite ayant demendé audit frère Suro, pourquoy il avoit maltraité cet enfant de cette sorte à repondu que le frere de la petite ecole nommé Leclerc l'avoit voulu corriger pour faute commise dans ses leçons, que l'enfant ne s'etant pas soumis à la corection du frere Leclerc, l'amena au frere Suro et que ce dernier luy donna sans le deculoter du martinet à quatre branches sur les cuisses et sur la fesse gauche, ce qui a été reconnu par lesdits freres Suro et Leclerc, sommés ces derniers de signer leurs reconnaissances ont declarés ne le pouvoir et ne le vouloir faire sans avoir parlé à leurs Supérieurs, ensuite nous avons fait ficeler les effets cy dessus et sommés d'apposer leur cachet ont declaré n'en point avoir.
De tous quoy nous avons raporté le present sur leurdit lieu sous nos seings et conclû environ les cinq heures et demie du soir et remis les effets à notre adjoint aprés y avoir apposé notre cachet sur le noeud en cire rouge dont l'empreinte est cy contre. Signés Bouvard, Tual et L'Evêque Greffier.
Le trente un may les chirurgiens ont eté repetés sur le procez verbal par eux raporté et ont persisté (…).
M. l'évéque de Rennes, M. leprestre (…) et autres (…) ont joliment etouffer cette affaire ils ont mandé Hervé pere de l'enfant pour se desister, ont intimide aussi les officiers de police, on a même decretè d'assigné le greffier d'assigné pour avoir obeï au Siège (…)"
Ensuite perquisition faite en notre présence, et celle ders dits Suro et Leclerc, par trois gardes de ville pris pour l'execution de nos ordres, premierement à eté trouvé six bâtons de differentes grosseurs, un martinet de cuir à deux branches, deux nerfs de boeuf, une autre ferule de cuir, deux martinets dont un à dix branches, a gros noeuds, un autre à six granches aussi a gros noeuds, un petit peloton de ficelle cirée pour servir aux martinets,ensuite nous avons interpellé lesdits Suro et Leclerc de nous declarer si les dits martinets, nerfs de boeuf, ferules n'etoient point des instruments avec lesquels ils maltraitoient les ecoliers et pourquoy ils ne les avoient representés comme les premiers et declaré n'en avoir point d'autres, nous ont declaré que les martinets, nerfs de boeuf et ferules etoient pour remplacer les premiers lors qu'ils seroient usés, sommés de signer leurs declarations, ont refusé
A l'endroit est intervenu un enfant qui nous a dit s'appeler Jean Beaumenay fils de Joseph Beaumenay âgé de six ans, lequel nous à declaré que mardy dernier 23 de ce mois au matin il fut frapé avec un martinet par le frère Suro sur la fesse gauche qui est encore actuellement meurtrie et equimosée en longueur et largeur de quatre doigts, suivant que ledit enfant nous l'a fait voir enpresence des dits Suro et Leclerc, ensuite ayant demendé audit frère Suro, pourquoy il avoit maltraité cet enfant de cette sorte à repondu que le frere de la petite ecole nommé Leclerc l'avoit voulu corriger pour faute commise dans ses leçons, que l'enfant ne s'etant pas soumis à la corection du frere Leclerc, l'amena au frere Suro et que ce dernier luy donna sans le deculoter du martinet à quatre branches sur les cuisses et sur la fesse gauche, ce qui a été reconnu par lesdits freres Suro et Leclerc, sommés ces derniers de signer leurs reconnaissances ont declarés ne le pouvoir et ne le vouloir faire sans avoir parlé à leurs Supérieurs, ensuite nous avons fait ficeler les effets cy dessus et sommés d'apposer leur cachet ont declaré n'en point avoir.
De tous quoy nous avons raporté le present sur leurdit lieu sous nos seings et conclû environ les cinq heures et demie du soir et remis les effets à notre adjoint aprés y avoir apposé notre cachet sur le noeud en cire rouge dont l'empreinte est cy contre. Signés Bouvard, Tual et L'Evêque Greffier.
Le trente un may les chirurgiens ont eté repetés sur le procez verbal par eux raporté et ont persisté (…).
M. l'évéque de Rennes, M. leprestre (…) et autres (…) ont joliment etouffer cette affaire ils ont mandé Hervé pere de l'enfant pour se desister, ont intimide aussi les officiers de police, on a même decretè d'assigné le greffier d'assigné pour avoir obeï au Siège (…)"
Mots-clés : Punitions
Filière : École primaire élémentaire
Niveau : Élémentaire
Nom de la commune : Rennes
Nom du département : Ille-et-Vilaine
Historique : Finalement étouffée, cette affaire de coups et blessures dont se sont rendus coupables les Frères des écoles de Rennes en 1769, a paru assez grave pour déclencher une perquisition au vu du certificat médical produit par les parents de la victime. Il est vrai que l'arsenal et les pratiques révélées à cette occasion étaient non seulement contraires aux règles fixées à la congrégation par son fondateur, Jean-Baptiste de La Salle, mais également aux normes couramment admises.
Langue : Français
Nombre de pages : 4
Nombre de pages : 4
Objets associés : 2000.01916